Si vous avez déjà eu la chance d’aller à la Fnac (ou n’importe quelle boutique du genre) vous avez tous vu la fameuse banderole autour de livres sur les présentoirs qui disent « le livre qui a inspiré le film ! »

(Et jamais « le film qui a inspiré le livre » parce que dans ce cas ça s’appelle une fanfiction, ce qui est une forme de création inférieure, comme chacun sait.)

A l’origine le cinéma est un art forain : il n’y avait pas de salles dédiées au cinéma donc on le jouait un peu partout comme une attraction de cirque, à peu de choses près. L’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma est venue assez vite, en grande partie pour donner un peu plus de crédibilité au cinéma en tant qu’art.

C’est pour cette raison qu’à peine un siècle plus tard, tu te retrouves face à LA phrase : « le film était bien, mais le livre était mieux. » (Notez que l’inverse fonctionne aussi, quoique plus rare.) Lorsqu’un livre ou une bande dessinée prend vie sur grand écran, il semble assez naturel de comparer objectivement les deux œuvres, sans forcément rabaisser l’une ou l’autre.

…Joking.

Il y a systématiquement UNE personne qui va te sortir que le livre était quand même mieux, que les livres sont toujours mieux, ou pire, que seuls les crétins vont se contenter du film (oui les lycéens qui n’ont pas lu Madame Bovary l’an dernier, arrêtez de vous planquer derrière Chabrol, on vous voit).

Ce genre de vérité générale étant très vite suivie du fameux « tu sais dans les clichés, il y a toujours un fond de vérité. » Et ça, ça m’énerve. C’est trop facile de justifier un constat bidon par un autre sans essayer d’en comprendre les réelles causes. Qu’est ce qui justifie la prétendue supériorité intellectuelle du livre sur le film ?

« Le livre était mieux que le film »

Quelques arguments en vrac : d’une part, cette supériorité viendrait de la distinction entre un spectateur « passif » et un lecteur « actif ». Tous ceux qui se sont retrouvés en PLS et élaboré mille théories foireuses devant Sherlock et Star Wars savent à quel point cette prétendue passivité n’est qu’un mythe. Croyez-moi. Ils savent.

D’autre part, on confond trop souvent entre le débat livre vs film et œuvre originale vs adaptation (BEGIN) (pardon, réflexe). La priorité est donc donnée à l’originalité de l’œuvre plutôt qu’à son impact sur le public : le livre a été écrit en premier, donc il est forcément meilleur. Ça fait sens dans pas mal de cas, mais ce n’est pas systématique. Et surtout, c’est deux critères différents.

Il y a des tonnes d’adaptations « que tu peux très bien les voir sans avoir lu une ligne et passer un bon moment quand même » qui ont été réalisées, le premier exemple me venant à l’esprit étant la saga Harry Potter (pardon ! Pardon, je sais que c’est franchement risqué de dire ça sur Internet, mais le casting des films vaut tout autant les livres à mes yeux et je ne suis pas désolée.)

Et à l’inverse, il y a des livres qui n’ont strictement aucun intérêt à l’écran, mettons, au hasard, La vie devant soi ou Madame Bovary. Se contenter de regarder ces adaptations sans lire les livres avant, c’est comme manger une crêpe avec rien dessus, c’est bon et tu sais quel goût ont les crêpes, sauf que tu passes à côté de l’essentiel.

Bref, quelques petits rappels très simples : certaines personnes préfèrent les films aux livres ou inversement sans être moins intelligents pour autant, le support d’une œuvre ne détermine pas sa qualité, et oui Alan Rickman et Maggie Smith justifient les huit films à eux tout seuls.

Regardez slash lisez ce que vous voulez et enjoy.

* (Ce dernier exemple est en fait une dédicace subtile à une personne chère qui me souffle dans l’oreillette qu’on peut brûler le film et le livre. Highfive si tu passes par là.)

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